Aujourd’hui, 28 mai, manifestation contre le sommet de l’ASEM, un sommet des ministres de l’extérieur européens et asiatiques qui se réunissent pour contracter l’exploitation des grands réseaux globaux, en essayant d’organiser la gouvernance dans le contexte de guerre autant globale qu’elle ne donne aucun signe de vouloir s’arrêter: parce que ça ne peut pas finir, comme dit une chanson de Assalti Frontali.
C’est comme ça que commence la mobilisation en Allemagne contre la réunion du G8, cette si triste association subversive qui essaye depuis plusieurs années de gérer l’ordre du monde contre les multitudes de la subversion joyeuse. Inutilement.
Les groupes d’activistes arrivent par petits groupes pour ne pas risquer d’être interceptés par les unités de police qui contrôlent les rues et peut-être se faire arrêter avant que ne commence la manif, en te fouillant et en t’emmerdant avec leur méthode misérable; des centaines et des centaines de flics qui errent autour du rassemblement en essayant d’intimider les gens, en faisant exposition de leur tout nouveau costumes de guerre. Ridicules.
Nous partons. Un bloc compact de deux milles personnes conduit la manif. Devant, deux banderoles, “Autonomes en mouvement contre le G8 et l’ASEM” et une autre qui n’a pas de commentaire : “Total Freedom”. Et c’est cette totale liberté de mouvement et de vie, c’est ce flux du désir commun qui structure l’esprit de la marche, qui traverse le vieux quartier du port de S. Pauli; en saluant la glorieuse HafenStrasse, en souvenir des épiques batailles de résistance pour les maisons occupées — certes — mais spécialement pour conquérir la dignité d’une communauté organisée contre le libre-échange, contre le contrôle de l’existence et l’imposition des modèles de vie individualiste.
Derrière la tête du cortège, différents groupes d’activistes, clowns, une fanfare faussement militaire, qui érige un drapeau avec écrit “Fuck”, qui marque le pas avec ses roulements de tambours. Nous sommes maintenant 7/8000. Les flics entourent la manif pendant toute la durée du cortège, devant, derrière, sur les côtés, ils font sentir leur pression et commence une guerre des nerfs avec les manifestantEs. Ils feintent de charger, des véhicules blindés, des canons à eau qui subitement se mettent devant nous, les tentatives d’infiltration dans le cortège et peut-être quelques arrestations au hasard. Rien, le cortège répond en se compactant. De fines cordes évitent que les gardes en vert puissent pénétrer et faire à leur aise. Des slogans ironiques invitent les flics à se disperser, des pétards dans le ciel donne un signale venant du coeur du cortège, la volonté d’avancer. On conquiert, mètre par mètre, le droit de manifester. Des slogans sont scandés dans au moins 5 langues différentes: une camarade allemande le lance en italien et les grecQUEs le crient en français, les américainNEs et les russes en font autant, et les italienNEs apprennent l’exacte prononciation de “Siamo tutti clandestini”.
A la fin, une rafale de discours volent, et la police, nerveuse, commence les manoeuvres d’encerclement en essayant de bloquer deux cent personnes qui avait l’unique faute de s’être arrêté 10 minutes en plus du temps prévu sur la place des discours. Ils provoquent et intimident, mais la résistance s’organise et attaque une dizaine de camionnettes, sirène hurlante, arrivant en vitesse pour embarquer tout le monde et les amener dans la dizaine de petites prisons perdues à Hambourg. Cette manoeuvre de diversion desserre la prise sur les deux cent personnes qui arrivent à se dégager. Au milieu du chaos, une voiture avec des délégués est bloquée par certainEs camarades. Un garde du corps pête un câble et descend flingue à la main.
Les gens se regroupent autour de Rota Flora et comencent à entendre les sirènes de la police, ils essayent d’ériger quelques barricades, puisqu’on craint qu’ils veuillent entrer dans le centre social et foutre le bordel… Mais la résistance diffuse leur fait comprendre qu’on ne leur permettra pas de s’approcher, plus que ce qu’il faut. Et à la fin, ils laissent tomber (les flics;) Nonobstant les canons qui tirent de l’eau, leur matraque et leurs stupides armes, on les prends pour cible avec des oeufs de peinture et ils se dégonflent. Et après, touTes à l’intérieur du Rote Flora, on se repose, on rassemble les infos sur les arrestations, on fait la fête, on boit et on mange touTes ensembles. La police est partie, les routes sont libérées. On se disperse dans mille petits ruisseaux de vie.
On se salue: le prochain rendez-vous est dans quelques jours à Rostock
Là, se recomposera l’essaim des rebelles.
International Brigades, Sez.Italia
http://napoli.indymedia.org/node/355