Alors que les contre-sommets de Strasbourg et de Louvain sont terminés sans avoir vraiment rempli leurs objectifs politiques, et que pour la première fois depuis 10 ans un G8 est organisé en Europe (en juin en Italie) sans donner lieu à un contre-sommet, c'est une forme de lutte importante de cette décennie qui est mise en question.
Si cette pratique des contre-sommets a permis de développer un "autre altermondialisme", ancré dans les luttes radicales et dans les tentatives autogestionnaires, à côté de l'altermondialisme "officiel" des Forums Sociaux, il est indubitable qu'elle n'a pas directement permis d'extension ou d'intensification des mouvements radicaux, des alternatives anticapitalistes ou de la coordination internationale entre militant-e-s.
Que faire de ce constat ? Comment le développer d'une manière qui permette de redonner du sens aux contre-sommets, ou qui puisse aider à l'invention de nouvelles formes de lutte ? Quelles recettes en tirer pour penser la riposte au sommet du G8 en France, en 2011 ?
Au cours de trois séances, nous proposons aux personnes intéressées, qu'elles aient participé ou non à des contre-sommets, de se réunir pour réfléchir ensemble à ces problèmes, en mobilisant de concert savoirs scientifiques et expériences militantes, à partir de textes d'analyse et d'archives des contre-sommets passés.
*Lundi 4 mai* : Le contre-sommet comme espace d'expérimentation d'alternatives anticapitalistes et antiautoritaires.
Un des enjeux des contre-sommets, notamment depuis le VAAAG en 2003, a été d'expérimenter l'autogestion dans des conditions inhabituelles, même pour les autonomes, notamment par le très grand nombre de personnes impliquées, dont beaucoup sans grande expérience des pratiques alternatives. Comment se sont constituées et qu'est-ce qu'ont donné ces expérimentations ? C'est ce qu'on essaiera de se penser, notamment à partir d'une comparaison entre les contre-sommets d'Evian et de Strasbourg (organisation spatiale, charte, partage des tâches etc.)
*Lundi 11 mai* : Les significations politiques du contre-sommet.
Si les contre-sommets existent depuis le début des années 80, c'est la réussite de celui de Seattle contre l'OMC, en 1999, qui a marqué sa véritable apparition comme forme de lutte privilégiée des mouvements anticapitalistes. Elevé par la suite au statut de modèle, le contre-sommet de Seattle a défini l'objectif politique des contre-sommets : perturber au maximum les sommets tout en rendant massivement visible la contestation. Or aujourd'hui, les sommets se déroulent sans encombre, et la médiatisation est globalement dépolitisée. Cette transformation est-elle réversible, et à quelles conditions ? On réfléchira à partir de textes militants d'analyse de l'utilité des contre-sommets.
*Lundi 18 mai* : La gestion par l'Etat des contre-sommets.
Si celui de Gênes a donné une ampleur tragique à la répression, de l'assassinat impuni de Carlo Giuliani à la "nuit des matraques", chaque contre-sommet a été l'occasion d'une débauche de moyens de protection des puissant-e-s et de répression des militant-e-s. Loin d'être de simples opérations de maintien de l'ordre, les déploiements sécuritaires ont chaque fois permis de nombreuses expérimentations du côté de l'appareil d'Etat : nouveaux armements, transferts techniques entre pays, constitution de fichiers etc. Quelles réponses militantes apporter à ces transformations, sans tomber dans le fantasme de la toute-puissance policière ? L'étude croisée du matériel militant (du guide juridique à la caillasse) et des techniques policières permettra peut-être de donner quelques éléments de réponse.
Ces séances auront lieu à partir de 17h à l'université en lutte Paris 8 - saint-denis, en salle C221.
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