Les trois militants anti-Otan de Tours, interpellés le 3 avril en marge des événements du Sommet anti-Otan à Strasbourg, poursuivis pour détention de substances ou de produits incendiaires ou inflammables qui auraient pu servir à la fabrication de cocktails molotov, sont ressortis libres du tribunal de grande instance de Strasbourg ce soir. Le tribunal a prononcé la nullité de la procédure estimant qu'il n'avait pas été régulièrement saisi par le parquet.
Les débats avaient en partie porté sur la nullité de la procédure soulevée par les trois avocats des prévenus, trois jeunes âgés de 20, 23 et 26 ans, étudiants en sociologie ou diplômé de droit pour l'aîné, arrêtés le vendredi 3 avril sur le parking de l'hypermarché Auchan d'Illkirch, en possession de gants, de masques, d'alcool à brûler, de white spirit et d'une serpillière.
Dès le début de l'audience les avocats avaient soulevé plusieurs points de nullité dans la procédure établie par les policiers et dans la citation des trois hommes devant le tribunal par les services du procureur.
Au moment de rendre sa décision, le président du tribunal, M. Wendling, a bien précisé aux trois prévenus que cela ne signifiait pas qu'ils étaient innocents. Une erreur de procédure a entraîné la nullité, mais il n'y a aucun jugement sur le fond de l'affaire.
Le procureur de la République de Strasbourg peut donc réengager de nouvelles poursuites contre les trois jeunes dans un délai de trois ans.
Les trois jeunes originaires de Tours sont libres ce soir. La décision a été accueillie par des applaudissements des personnes venues les soutenir et rassemblées sur les marches du Palais de justice.
Le représentant du parquet Lucile Regin avait requis des peines de 10 à 12 mois de prison ferme contre les trois jeunes, réclamant également leur maintien en détention.
«Ce sont des achats qui ne sont pas anodins car ils entrent dans la fabrication d'un cocktail molotov», avait indiqué Mme Regin pendant les débats, rappelant que «durant le week-end des cocktails molotov avaient été lancés contre les forces de l'ordre».
Elle a toutefois reconnu que les trois prévenus, dont deux sont étudiants en sociologie et le troisième au chômage mais titulaire d'un master de juriste d'entreprise, n'étaient pas jugés pour avoir lancé et fabriqués des bouteilles incendiaires.
A la barre, les trois jeunes qui avaient campé dans le village autogéré ont indiqué avoir fait ces achats pour du nettoyage, pour allumer des braseros pour un concert et pour narguer les hélicoptères de la police qui survolaient périodiquement le camp.
Prison ferme pour le jeune allemand
Le jeune Allemand originaire de Berlin, Mathias Steinke, 29 ans, poursuivi pour des faits de violences aggravées sur des agents de la force publique, pour rébellion au moment de son interpellation et pour attroupement armé (avec jets de pierres sur les forces de l'ordre) a, lui, été condamné à six mois de prison ferme ; il a été maintenu en détention. Le tribunal l'a cependant relaxé des faits de violences aggravées (l'un des policiers s'est fracturé le poignet pendant l'interpellation), mais l'a reconnu coupable des autres faits. Il est également interdit de séjour en France pendant deux ans.
Le déroulé de l'audience ci-dessous
Nous vous avons proposé un compte-rendu de l'audience en direct. L'audience étant terminée, ce compte-rendu est terminé, vous pouvez cependant le lire ou le relire en cliquant dans la fenêtre ci-dessous.
Source: http://www.dna.fr/une/2414988.html