« La vague de préparation au contre-sommet est en marche, et personne ne l’arrêtera ». Reiner Braun, de la coordination internationale anti-OTAN, qui fédère 600 organisations d’une trentaine de pays, tentait de noyer le poisson hier soir.
Certes, le contre-sommet prend forme, et la question de l’OTAN est plus que jamais sur le devant de la scène, mais il reste encore de nombreux détails à régler à près d’une semaine de l’événement. Le programme des conférences prévues les 3 et 5 avril est quasiment arrêté. Le principe d’une grande manifestation est lui aussi acquis.
Reste à savoir où. La préfecture, en accord avec la Ville de Strasbourg, propose un tracé au milieu du Port-du-Rhin. La coordination internationale, dont fait partie le collectif anti-OTAN de Strasbourg, qui organise la manifestation, le considère « inacceptable et vexatoire » - il implique que les manifestants ne peuvent pas défiler pacifiquement, note Frédéric Henry, du collectif - exige toujours de manifester dans Strasbourg, au départ du pont de l’Europe, pour « récupérer » les manifestants allemands en provenance de Kehl.
Une réunion est prévue demain au ministère de l’Intérieur à ce sujet - réunion qui aurait dû avoir lieu la semaine dernière… Le collectif espère obtenir gain de cause et explique que donner rendez-vous aux quelques dizaines de milliers de personnes attendues rue de la Rochelle risquerait de susciter une certaine frustration chez les manifestants. « Si les autorités ne donnent pas les moyens pour que tout se passe normalement, elles prendront la responsabilité de leurs interdits », met en garde Frédéric Henry, qui, interrogé sur la possibilité de débordements, a estimé que ce n’était pas au collectif « de faire la police ».
Concernant le village alternatif autogéré, qui pourrait accueillir quelque 8 000 opposants sur des terrains formant un ensemble d’une quinzaine d’hectares à la Ganzau, au sud de Strasbourg, les anti-OTAN et la préfecture n’ont pas encore signé de protocole de mise à disposition. La semaine dernière, la coordination anti-OTAN Strasbourg, chargée de faire sortir ce campement de terre, avait menacé de squatter des logements vides si aucun accord n’était trouvé. « Il faut rompre avec le climat de guerre civile qui s’installe dans Strasbourg », a relevé Frédéric Henry à ce sujet.
Revenant sur l’affaire des drapeaux (lire ci-contre) Reiner Braun a estimé qu’il s’agissait d’un « scandale (…) qui montre à quel point les politiques de chaque côté sont nerveux », l’autre scandale étant les moyens financiers mis en oeuvre: rien que le volet sécurité du somment coûterait «110 M € à la France et à l’Allemagne», selon lui, soit « suffisamment pour éradiquer la malaria à tout jamais ».