Un rendez-vous officiel sur les bords du Rhin, trois zones de sécurité et quelque 700 habitants obligés de faire appel à la police pour sortir de chez eux… Les responsables policiers du dispositif de sécurité pour le sommet de l’OTAN côté allemand sont venus informer le conseil municipal de Kehl des mesures qu’ils prévoient de mettre en oeuvre les 3 et 4 avril.
L’ordre du jour a été évacué en à peine plus d’une dizaine de minutes, mercredi soir. A croire que le conseil municipal de Kehl voulait rapidement entendre Bernhard Rotzinger, directeur de la police du Land à Fribourg, et de Rheinhard Renter, chef de la direction de la police à Offenbourg, à propos de l’organisation du sommet de l’OTAN.
Les informations communiquées le sont « dans l’état actuel de la préparation », a déclaré Bernhard Rotzinger, responsable du dispositif de sécurité côté allemand. Les mesures pourraient évoluer, « il y a beaucoup de choses que nous ne savons pas encore nous-mêmes », a-t-il insisté.
Un « rendez-vous » sur les berges du Rhin
Entre l’accueil par la chancelière allemande le 3 avril à Baden-Baden et le début de la partie officielle du sommet le 4 au palais des congrès (PMC) de Strasbourg, figure pour l’heure un « rendez-vous » sur les berges du Rhin à Kehl le samedi à 8h30. Une « construction temporaire » serait érigée au jardin des Deux-Rives pour abriter la trentaine de chefs d’Etat ou de gouvernement présents.
Si la partie kehloise du sommet ne représente plus qu’une ligne au programme, les mesures de sécurité rappellent celles prévues pour Strasbourg : Kehl sera découpée en zones de sécurité allant de 3 à 5 (notre infographie).
La zone de sécurité numéro 3, entièrement verrouillée et interdite d’accès, serait constituée d’une partie du jardin des Deux-Rives située de part et d’autre de la passerelle éponyme.
La zone numéro 4 de « très haute sécurité » irait de l’entrée de ville à la rue de la piscine, courant le long de la Niebelungenstraße et embrassant la partie ouest de l’« Insel », le quartier cossu de Kehl. A l’intérieur de ce périmètre, « il n’y aura pas de mouvement de personnes que nous ne contrôlerions pas », a dit Rheinhard Renter.
Escortés par des policiers, même « pour faire une course »
Pas de badge, donc, mais les quelque 700 habitants du secteur sont invités à faire appel à un policier pour tout déplacement en dehors de chez eux. Le fonctionnaire les escortera de leur palier jusqu’à la sortie de la zone, même « pour aller faire une course », a poursuivi le responsable du dispositif pour l’Ortenau.
N’auront accès à la zone que les personnes qui auront prévenu la police de leur visite. Des consignes particulières seront également données aux résidents de la Ludwig-Trick-Straße au bord du Rhin qui verront passer les convois officiels sous leurs fenêtres (ne pas sortir sur le balcon, ne pas se servir d’objets qui ressembleraient à des armes etc.).
Enfin, les habitants sont invités à rentrer les voitures dans leur garage, voire à les garer en dehors de la zone, pour que la police ait la rue libre.
La zone 5, où l’on pourra circuler librement mais qui sera « très contrôlée » par la police, comprendra notamment une partie du centre-ville et la gare. La mairie, la place du Marché ainsi que le port, où seront stationnées les forces de l’ordre, restent pour l’heure en dehors du dispositif.
Ecoles et administrations ouvertes le vendredi
Les zones de sécurité seront mises en place progressivement le vendredi. Ecoles et administrations doivent fonctionner normalement ce jour-là. Les Français employés à Kehl pourront aussi aller travailler. En outre, deux manifestations sont programmées le samedi dans la cité badoise, qui n’aura finalement pas de camp anti-OTAN (DNA du 16 février).
En plus du numéro vert mis en place, une page web et une adresse de messagerie dédiées seront mis en service la semaine prochaine. Un bureau d’information pour les citoyens ouvrira à compter du 25 février à la Weinbrennerhaus. Des réunions sont également prévues avec les entreprises du port et les commerçants. Les Kehlois sont pour leur part conviés à une réunion publique à la Stadthalle le 11 mars.
Aude Gambet
Édition du Ven 20 fév. 2009"
Source: DNA