2009-01-08

Appel de la «Interventionistische Linke» (gauche interventionniste) d’Allemagne

OTAN – La guerre c’est leur paix!

Aujourd’hui l’OTAN reprend de l’ampleur. Elle n’est plus le bastion sclérosé de la guerre froide. D'abord présentée comme défensive, cette alliance s'est renforcée comme instrument d’intervention, depuis les années 1990. Dans cette démarche, les Etats membres ont restructuré toutes leurs armées et les ont intégré à l’OTAN, à tel point que faire la guerre ne devient pas seulement une possibilité, mais une logique d’intervention. Les crises globales, peu importe leur nature (politique, économique, sociale ou écologique) tendront à être régulées par des interventions militaires – et si nécessaire, par la déstabilisation de régions entières. Ainsi, cela leur permettra un accès sécurisé aux marchés et aux ressources des territoires occupés.
Mais depuis longtemps cela parait évident que faire des guerres d’agressions, comme en Yougoslavie et l’Afghanistan, n’est plus suffisant pour établir les conditions d’une exploitation capitaliste stable. Aujourd'hui l’OTAN agrandit son champ d’action. Elle ne doit plus seulement être un instrument d’intervention. Elle doit devenir flexible, le cœur d’un régime d’occupation militaire-civile, qui est engagée partout dans le monde. Les structures des sociétés, des états entiers occupés seront réorganisées sous le contrôle des militaires.
Un territoire conquit n’est pas encore un territoire contrôlé!
Ils prévoient d’intégrer des organisations humanitaires à leurs interventions militaires. Selon la volonté des stratèges de guerre, il se pourrait bientôt qu´aucun travail -non militarisé- des organisations humanitaires ou de reconstruction ne soit possible dans les pays occupés; car ils prévoient de placer ce travail sous le commandement de l´OTAN.
L’Afghanistan est une première tentative allant dans cette direction. Mais ce cas montre aussi que les capacités ne sont pas encore suffisantes pour établir le calme «digne d'un cimetière» dont les Etats membres ont besoin pour imposer leurs intérêts.
À Strasbourg les 3 et 4 avril, ils vont poser les jalons pour créer les conditions d’organisation d’un état de guerre permanent. À l’avenir les guerres vont être décidées par un vote à majorité d’une assemblée. Seuls les Etats participants prendront part aux décisions logistiques des interventions. L’OTAN veut diriger ses guerres indépendamment du Conseil de sécurité de l'O.N.U. L’OTAN planifie la construction d’un propre système de défense antimissile en Europe. Les militaires de l’OTAN veulent inscrire dans leur contrat le droit de mener des attaques préventives avec des armes nucláires.
Dans ce processus les gouvernements européens prennent de plus en plus de pouvoir. L’UE marche aux côtés des Etats-Unis, mais en tant que force autonome. Pour les pays membres de l’UE, l’OTAN est une alliance stratégique au niveau de la représentation mondiale. Ainsi ce n’est pas par hasard que son sommet d’anniversaire aura lieu en Allemagne et en France. La France redevient membre de l’OTAN et l’Allemagne est devenue potentiellement disposée à participer à chaque guerre. Ces 15 dernières années la «Bundeswehr» (l’armée fédérale d’Allemagne) s’est transformée en armée d’intervention disponible partout dans le monde. C’est dans cet objectif qu’elle a changé ses structures et qu’elle est en train de se procurer les moyens nécessaires. Qui veut critiquer l’OTAN doit parler de la «Bundeswehr» en Allemagne. «Old europe» va en guerre avec «New America»

La guerre des crises – intérieur et extérieur

Il y a une crise évidente du système capitaliste. De plus en plus la militarisation et la brutalisation de la société remplacent les promesses d’aisance pour tous-tes – ces promesses qui n’ont jamais été tenues. Le système capitaliste n’a plus d’autre perspective que l’administration de la crise. Notamment aujourd’hui quand les relations d’oppression et d’exploitation, entre d’une part les pays d’Europe et les Etats-Unis, et les pays riches en matières premières, d’autre part, sont de plus en plus dominées par la violence militaire. La course aux intérêts économiques et géostratégiques mène aux guerres d'agressions. C’est ce qu’on peut voir aujourd’hui dans les guerres impérialistes menées pour l’essence, le gaz et d’autres ressources – ainsi que dans la perspective des conséquences du changement climatique. Le capitalisme est impensable sans guerre; la guerre est impensable sans viols et morts, et l’économie globale de guerre est impensable sans faim, peur, expulsions et prostitution contrainte.
Et une nouvelle fois les gouverneurs réagissent à l’afflux de réfugiés avec une expansion du militaire. Une bonne expression de cette logique est actuellement la politique militarisée de la migration de l’Europe. Cette politique de migration est étroitement liée avec les politiques dominantes de sécurité et de guerre. Le dispositif FRONTEX, une force de protection européenne des frontières de l’UE et l’internement des réfugié(e)s dans des camps extérieurs à «l’Europe forteresse» sont des composantes de cette politique commune de migration. Dans cet ordre mondial il n’y pas d’état de paix sans guerre. L’armée est un moyen essentiel pour manager les crises.
À l’intérieur des pays dominants de l’économie capitaliste, les inégalités sociales sont de plus en plus régulées par un système répressif: la vidéo surveillance, la surveillance sur internet, la surveillance constante de la police, le prélèvement d'ADN, les opérations de la «Bundeswehr» à l’intérieur du pays (depuis la deuxième guerre mondiale c’est toujours interdit). La séparation entres les militaires, la police et les services secrets se dissout.
Au même moment, une militarisation se répand de plus en plus dans tous les secteurs sociaux: il naît un complexe militaire-économique des trusts et des firmes qui tirent profit de la privatisation de l’économie de guerre, comme la logistique, le transport, les services sanitaires et de surveillance. Le capital connait l’importance de la «Bundeswehr» et c’est pour ça qu’il cherche son acceptation dans la société, face à une habitude de refus systématique des opérations à l’étranger.
Alors qu'on dépense la richesse de la société pour l'armée et la guerre, on est obligé d’économiser ailleurs. C’était évident pour la coalition rouge-vert (la coalition gouvernementale dans la dernière législature du Chancelier Gerhard Schröder) quand elle a dit: «l’Agenda 2010» prévoit de générer les moyens d'intervenir à l’étranger. Le déclin du système d'aide social des dernières années génère à la fois l’argent nécessaire et renforce la pression à succomber à l’attrait «d’un job certain avec une rémunération excellente»! La «Bundeswehr» est une armée qui vit du recrutement des chômeurs. Cela explique aussi les 1000 démonstrations à caractère publicitaire de la «Bundeswehr» dans les agences pour l'emploi.

L’extension de la militarisation véhicule et renforce des comportements sexistes et machistes dans les sociétés. La guerre et le militarisme durcissent les stéréotypes de genre, qui sont produits, acceptés et légitimés en « temps de paix». L’acceptation croissante de la masculinité ritualisé, constitutive de chaque armée, donne une plus grande marge de manœuvre au patriarcat. La présence des femmes dans les armées ne change rien à cela.
Déclarons un combat sans équivoque à ce processus; tout en sachant que les mesures de l'Etat policier et l’armement intérieur utilisé à titre préventif visent à détruire tout mouvement de révolte, de grève, de résistance.

Allons à Strasbourg!

Notre mouvement ne va pas seulement commencer les 3 et 4 avril 2009. Nous partons déjà maintenant dans une mobilisation qui élabore pratiquement, ce qu’il va être possible ensemble à Strasbourg. Nous appelons à utiliser cette mobilisation comme développement d’une politique antimilitariste – qu'elle soit dans la rue, dans un village, en ville ou dans la région. Une mouvement antimilitariste ne peut pas se créer sur une simple prise de conscience, ou par une pensée morale du meilleur; ce n’est pas suffisant d’avoir juste l’idée d’un monde plus pacifié.
Nous nous réclamons d’une gauche qui intervient directement sur les inégalités sociales. C'est dans ce sens que les perspectives d’une pratique antimilitariste se développent! C’est dans ce sens que nous appelons à la constitution de collectif d’action antimilitariste. Ils doivent percevoir un spectre politique le plus grand possible (qui réunit une diversité de courants politiques de gauche) qui n’informe pas seulement sur la mobilisation de Strasbourg et Baden-Baden mais qui développe aussi, de manière autonome la résistance et la contestation contre la «Bundeswehr».

Jours d’action !

Le 7 février aura lieu la conférence de sécurité annuelle de l’OTAN à Munich. Nous voyons les manifestations et les actions contre cette rencontre comme le début de la mobilisation contre le sommet de l’OTAN en avril. Mobilisons nous contre la conférence de sécurité!
D'autre part, nous appelons les collectifs d'actions, les groupes et les réseaux à organiser des actions antimilitaristes(décentralisées) dans l'ensemble du territoire fédéral sur deux jours. Les 7 février et 14 mars 2009 nous voudrons montrer que l'antimilitarisme n’est pas un vestige périmé du passé. La lutte contre le militarisme doit être sur l’agenda de tous ceux et celles pour qui les inégalités sociales sont insupportables, cette lutte est nécessaire historiquement!
Les jours d’action vont se focaliser sur la politique de deux entreprises allemandes qui sont des précurseurs de l’ancrage de la guerre dans la société et l’économie.
DHL, une entreprise de la poste allemande est un exemple exceptionnel de la participation du privé à l'économie de guerre. DHL s’occupe de la poste militaire de la Bundeswehr et surtout elle est une entreprise leader- mondiale au niveau logistique, en prenant en charge le transport de matériel de l’armée allemande et des Etats-Unis.
La «Commerzbank» (une banque allemande) est une entreprise leader dans l’application de la coopération civile-militaire. Elle organise des rencontres régulières avec la «Bundeswehr», afin de s'accorder stratégiquement sur la façon de coordonner la politique des dirigeants, l'industrie, l'économie avec les structures militaires.
Ainsi une militarisation vers l'intérieur s’accélère. Il se forme un complexe économiquo-militaire ayant la capacité d’installer des régimes d’occupation partout dans le monde et DHL et Commerzbank sont en première ligne.

Intervenir!

Ces deux entreprises sont des cibles atteignables. Leurs filiales sont présentes dans chaque ville. Du coup, c’est facile de mener des actions publiques. Grâce à ces actions, on peut dénoncer et attaquer l’alliance entre l’économie et l’armée. La coopération en pratique des différents groupes de gauche peut être un premier pas pour se rendre compte des possibilités d’une lutte antimilitariste unitaire. Formez des collectifs d’action! Mobilisez vous lors des jours d’action!

Participez aux actions contre l’OTAN!

Les 3 et 4 avril 2009 seront l’occasion de regrouper différentes formes de résistance. Déjà au niveau national et international, des réseaux organisent des congrès, des campings, des manifestations, des blocages et d’autres actions. Pour nous il est important d’agir avec détermination et de créer une expérience collective de contre-pouvoir! Le 4 avril se déroulera une grande manifestation internationale à Strasbourg qui va donner un exemple bruyant et puissant de la contestation contre la politique des Etats de l’OTAN.
Nous, la «Interventionistische Linke» (la gauche interventionniste) allons prendre part à cette manifestation. Nous appelons à un bloc interventionniste! Et au-delà, la «Interventionistische Linke» va participer à l’organisation d’un «état de siège» contre les négociations des dirigeants de l’OTAN dans le but de bloquer, d’encercler, de troubler le déroulement de la rencontre. Résolus avec la rage de tous ceux et celles qui ont ras bol des inégalités sociales, de nos conditions sociales, qui ne les supportent plus, qui voient la nécessité et la possibilité d’un autre monde; notre détermination vise à enrayer la machine du pouvoir.

Pour une mouvement antimilitariste et interventionniste!

Interventionistische Linke, Décembre 2008

La «Interventionistische Linke» (gauche interventionniste) est un groupe allemand de la gauche radicale.

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