Le cinquième Forum social européen (FSE) s’est tenu à Malmö, du 17 au 21 septembre 2008. Rassemblant environ 12 000 participants, il a permis des avancées en termes de développement de réseaux, d’alliances et de préparation de campagnes.
La déclaration commune (en annexe ci-dessous) qui émane de l’Assemblée de mouvements sociaux, laquelle suit traditionnellement le FSE, en est le reflet ; brève, elle annonce quatre axes de mobilisation :
- les questions sociales, et en particulier la directive de l’Union européenne sur le temps de travail et les décisions de cette dernière sur la main-d’œuvre immigrée ;
- l’OTAN et la guerre, avec une manifestation internationale à Strasbourg le 4 avril 2009, à l’occasion du sommet des soixante ans de l’OTAN, et des manifestations dans tous les pays européens ;
- le sommet du G8, qui en 2009 se tiendra en Sardaigne ;
- l’urgence climatique.
C’est certainement à propos du changement climatique qu’à Malmö la dynamique était la plus importante, sur la base de convergences de mouvements environnementalistes (les Amis de la Terre par exemple) et d’acteurs plus nouveaux sur la questions : La Via Campesina Europe, les Attac d’Europe, des syndicats comme la FGTE-CFDT, la FSU, Solidaires… Les participants aux séminaires et aux assemblées de préparation des campagnes étaient nombreux et très motivés. Ils ont mis au centre de leur réflexion le lien entre la crise climatique, les questions sociales et les rapports « Nord-Sud ». A été réaffirmée une journée d’action mondiale le 6 décembre prochain, avec à la clé une manifestation internationale à Poznan (où se tiendra une rencontre des Nations unies sur la question) et des manifestations dans de nombreux pays. Ce mouvement s’inscrit dans le temps et vise aujourd’hui à peser sur les décisions internationales, dites de l’après Kyoto, qui devront être prises fin 2009 par la Conférence des Nations unies, à Copenhague.
Était également très présente la conscience que les crises que nous traversons ne sont pas des accidents (alimentaire, financière, écologique, sociale), que de nombreux facteurs sont liés et que l’idéologie néolibérale en est le moteur le plus néfaste. La nécessité de lier ces questions a été mise en avant. Attac s’est naturellement impliquée dans le partage d’analyses sur les causes de la crise financière. Par ailleurs, une mention spéciale doit être faite concernant la stratégie "Europe globale" qui fait du libre-échange l’horizon de travail de l’Union européenne, occasionnant des dévastations sociales au Sud comme au Nord par la multiplication des accords commerciaux de libre-échange.
Attac a aussi participé au travail sur les questions de démocratie interne à l’Union européenne, soutenant activement la défense du « non » irlandais : le Traité de Lisbonne confirme une Union européenne profondément antidémocratique, qui fait la part belle aux desiderata des grandes entreprises, sensible qu’elle est au lobbying.
Enfin, une importance accordée aux questions sociales est largement partagée, mais en même temps celles-ci restent insuffisamment traitées en termes de campagnes.
Le contexte que nous connaissons est celui d’attaques frontales contre le droit social. Les directives en projet, notamment celle sur le temps de travail, les directives en cours d’application, en particulier contre les services publics, et quatre arrêts récents de la Cour de justice des Communautés européennes heurtent violemment les droits sociaux et éloignent encore la perspective d’une Europe sociale. Des propositions de mobilisations sont faites, mais le calendrier reste à préciser, et une implication syndicale européenne massive reste incertaine. La construction de l’Europe sociale est cruciale. Des campagnes d’informations et de débats sont à organiser, afin d’aller vers des mobilisations massives et déterminées. Avec l’ensemble des organisations syndicales et des associations engagées pour le progrès social, la Confédération européenne des syndicats (CES), ses composantes et ses membres ont là un rôle déterminant à jouer.
Les Attac d’Europe se mobilisent pour cette Europe sociale et plus largement sur les quatre thèmes mis en avant par la déclaration de l’Assemblée de mouvements sociaux. En outre, dans le contexte de crise financière, à Malmö, les Attac d’Europe ont précisé leur campagne contre l’emprise de la sphère financière. Le mercredi 15 octobre, Nicolas Sarkozy convoquera un sommet des chefs d’État ou de gouvernement européens pour tenter de définir une réponse européenne à la crise sans précédent qui sévit aujourd’hui. Cette date a été retenue par les Attac d’Europe pour lancer une campagne commune, en présentant une déclaration à la presse, et en réalisant des actions symboliques partout en Europe. Puis le vendredi 24 octobre, date anniversaire du krach de 1929, et le 25 sont proposés comme dates de mobilisation européenne des comités locaux sur la question.
Attac France
Le 25 septembre 2008
Annexe : déclaration de l’Assemblée de mouvements sociaux
Malmö, le 21 septembre 2008
2009 : Pour changer l’Europe !
Nous assistons, au niveau européen, à une offensive antisociale et libérale sur tous les terrains : crise économique et financière, augmentation des prix, crise alimentaire, privatisation et démantèlement des services publics, contre-réforme du travail, décisions de la Cour de justice européenne, démantèlement de la politique agricole commune, renforcement de l’Europe forteresse contre les migrants, affaiblissement des droits civils et démocratiques et accroissement de la répression ; accords de coopération économique, intervention militaire dans des conflits externes, bases militaires… tout cela dans un monde où les inégalités, la pauvreté et la guerre permanente augmentent chaque jour.
Dans ce contexte de crise globale, nous voulons réaffirmer que des solutions alternatives existent en faveur de la justice, de la paix, de la démocratie et de l’environnement.
Nous, mouvements sociaux européens réunis à Malmö, nous nous sommes engagés sur un agenda commun pour mener le combat pour une « autre Europe », une Europe fondée sur les droits des peuples.
1/ sur la question sociale :
Nous lançons immédiatement une campagne européenne contre les politiques sociales et de l’emploi de l’Union européenne, tout d’abord pour nous opposer particulièrement à la directive sur le temps de travail et sur les décisions de l’UE sur la main-d’œuvre immigrée.
Cette campagne comportera plusieurs étapes (par exp. le 6 décembre à Paris) et inclut l’objectif d’une mobilisation conjointe de masse à un niveau européen dès que possible.
Comme deuxième étape, nous construisons un contre-sommet/conférence large, rassembleur et stratégique de tous les mouvements sociaux européens, à Bruxelles, en mars.
2/ contre l’OTAN et la guerre : nous appelons à une grande manifestation le 4 avril à Strasbourg/Kiel, centre de la célébration du soixantième anniversaire de l’OTAN pour dire “STOP à l’OTAN” et pour dissoudre ce terrible instrument de guerre. Ce même jour, nous appelons à des manifestations dans tous les pays d’Europe. Nous proposons que le Forum social mondial de Belém déclare le 4 avril journée internationale de mobilisation contre l’OTAN.
3/ contre la crise climatique : nous appelons à une journée mondiale d’action sur le climat le 6 décembre, pendant le sommet de Poznan, à Poznan même et dans le monde entier. Nous appelons à une mobilisation massive l’année prochaine lors du sommet mondial sur le changement climatique à Copenhague, en décembre 2009.
4/ contre le G8 : en juillet 2009, le mouvement social de Sardaigne et d’Italie va inviter tous les mouvements à venir en Sardaigne, où se tiendra le sommet du G8 sur l’île de La Maddalena, pour protester contre le G8 et ses politiques et pour y présenter nos projets alternatifs pour la justice, la paix, la démocratie et l’environnement au plan mondial.
Il y a aussi de nombreuses initiatives émergeant des différents réseaux, assemblées et collectifs.