2007-06-23
Le Sommet du G8 de Rostock en Allemagne par rapport auquel selon certaines enquêtes, 75% des Allemands sondés n'attendent strictement rien, a été accompagné par d'importantes manifestations d'opposition auxquelles le gouvernement a répondu par une offensive répressive extrêmement dure. La chasse aux sorcières qui a eu lieu est à remettre dans le cadre de la soi-disant " stratégie de conciliation " orchestrée par le gouvernement, les tribunaux et la police qui tout en se basant sur la démocratie bourgeoise violent dans les faits plusieurs des droits fondamentaux à l'instar du secret de correspondance, la liberté d'information et le droit de manifester. Le gouvernement a de plus au cours des derniers jours rétabli le contrôle aux frontières, donné l'ordre de mettre sur pied des barrages policiers à l'intérieur du territoire allemand ainsi que de mener des perquisitions systématiques dans différents lieux tenus par l'extrême gauche. Les manifestations de ces jours ont bien entendu été émaillés d'abus de violences policières. La " conciliation ", voilà le double discours qui d'un coté sert à affirmer " comprendre les désirs des gens " et la nécessité et le droit de manifester alors qu'en fait le gouvernement Merkel en profitait pour donner un ultérieur tour de vis contre les secteurs les plus radicalisés politiquement.
Des manifestations massives... et une répression brutale
De toutes les manifestations prévues à Rostock au cours de la semaine, celle du 2 juin a été de loin la plus importante. Elle a été organisée par un comité assez hétérogène de différents courants politiques et syndicaux et a vu la participation de quelques 80.000 personnes.
Trois heures après le départ du cortège qui jusqu'alors avait défilé sans qu'aucun incident n'ait été enregistré (manifestation au cours de laquelle, soit dit en passant, certains dirigeants des Verts allemands avaient été sifflé), la police a commencé à disperser les manifestants à coups de matraques, par le biais de l'utilisation massive de canons à eau et de gaz lacrymogènes. La police, selon les responsables des forces de répression, aurait été attaquée par des secteurs ultra-radicaux et n'aurait fait que répondre. Une véritable bataille de rue s'est alors engagée entre les forces de police et les manifestants, qui a duré jusque tard dans la nuit et contre laquelle la police a répondu par une violence inouïe.
La presse s'est bien entendu fait l'écho des communiqués de presse des autorités, justifiant par des gros titres tels que " Rostock, un déchainement de violence " ou " Extrémistes, vous voulez qu'il y ait des morts ? " les appels à faire preuve de plus de dureté encore dans la répression. De leur part, les chrétiens-démocrates de la CDU-CSU ont demandé l'intervention du GSG9, le corps d'élite de la police allemande alors que les sociaux-démocrates du SPD ainsi que le syndicat de la police allemande, affilié à la DGB (Confédération Syndicale Allemande) exigeaient que les forces de répression puissent avoir recours aux balles en plastique ainsi qu'à des armes non-létales afin de " protéger l'intégrité physique des agents ". A la suite de la manifestation du 2, malgré les quelques " cinquante policiers grièvement blessés " dont parlaient les médias, un seul se trouvait en observation à l'hôpital. C'est le porte-parole de la police de Rostock lui-même qui a justifié cette manipulation médiatique le 5 juin en affirmant que si " nous retirions [l'affirmation selon laquelle cinquante agents ont été grièvement blessés], comment pourrions-nous continuer à intervenir ? ".
Violence ? Quelle violence ?
Le gouvernement et la police d'autre part ont exigé que les organisateurs des manifestations prennent clairement leurs distances par rapport aux secteurs " violents ", ce qui implique par conséquence collaborer avec les forces de l'ordre afin de " neutraliser " les soi-disant autonomes. Ce " débat " sur le violence au sein même des secteurs les plus modérés du mouvement anti-globalisation s'efforce bien entendu de ne pas aborder celui de la violence exercée par l'Allemagne et ses alliés impérialistes à l'encontre des pays semi-coloniaux occupés militairement à l'instar de l'Afghanistan, du Kosovo ou de l'Irak. Ils évitent également soigneusement la question de la violence exercée par le gouvernement contre le prolétariat en Allemagne et les secteurs populaires en général, par le biais des coupes-sombres aux budgets sociaux, l'augmentation du coût de la vie ou les vagues de licenciements massifs. Enfin, ce débat voudrait renouer avec la vieille rengaine selon laquelle il n'existerait aucune différence entre la violence des opprimés et celle des oppresseurs, hypocrisie autour de laquelle ont fait bloc les sociaux-démocrates et les staliniens ainsi que le pacifistes altermondialistes. Attac a fait savoir par le biais d'un de ses représentants qu'il " comprenait les agissements de la police " alors que le Linkspartei, qui selon son président est " en faveur des manifestations pacifiques ", a pris ses distances à l'égard des secteurs " violents " . Dans les faits, ces différents secteurs participent eux aussi à la chasse aux sorcières qui s'est mise en place. Ils ne disent bien entendu rien des militants arrêtés ou gardés-à-vue, alors qu'un activiste a déjà été condamné, à la suite d'un jugement expéditif, à dix mois de prison avec sursis et se trouve en liberté conditionnelle pour avoir jeté des pierres contre la police. Aujourd'hui, plus de 208 procédures pénales ont été ouvertes contre les jeunes manifestants.
Les jeunes résistent
Les jeunes militants présents dans les campings organisés pour accueillir les manifestants se sont révélés plutôt hostiles aux déclarations des représentants de l'altermondialisme et du néo-réformisme stalinien. Certains permanents et membre de la Jeunesse de Ver.di (syndicat des travailleurs des services) ont même reproché " aux secteurs modérés de l'altermondialisme leur collusion avec la chancelière Merkel et son ministre de l'Intérieur Schäuble ", se déclarant également opposée " à une prise de distance injustifiée à l'égard des soi-disant autonomistes violents " dans la mesure ou cela représenterait " un danger qui pourrait faire reculer le mouvement d'opposition ".
Le 4 juin, une nouvelle manifestation a eu lieu, cette fois en défense des réfugiés demandeurs d'asile et des sans-papiers, réunissant près de 10.000 personnes, parmi lesquelles de nombreux immigrés en séjour irrégulier. La police a tout fait pour provoquer la manifestation alors que la population de Rostock, au contraire, a fait montre d'une grande solidarité à l'égard des manifestants qui se sont bien gardé de répondre aux provocations policières en raison de la composition de la manifestation.
Nous réitérons notre solidarité à l'égard de ces jeunes manifestants, des sans-papiers et des militants qui ont été interpelés. Aujourd'hui, toute organisation se disant révolutionnaire ou ne serait-ce qu'opposée aux diktats du " néo-libéralisme " devrait exiger la libération immédiate des militant/es arrêtés et gardés-à-vue ainsi que l'amnistie pour tous et toutes et la fin des violences policières.
Comme nous le racontaient certains camarades présents dans les camps de jeunes, malgré les survols constants des hélicoptères, la répression systématique avec les canons à eau, les gaz et les chiens d'attaque, l'impossibilité pour les manifestants de s'approcher de toute une zone autour de Heiligendamm, lieu où se tenait le sommet, la jeunesse et certains secteurs ouvriers n'ont pas pour autant courbé la nuque.
L'arrivée de Bush et d'autres chefs d'Etat laissait présager des manifestations plus importantes encore. C'est ainsi que les manifestants ont commencé à bloquer plusieurs points d'accès à Heiligendamm ainsi que l'aéroport de Rostock-Laage. Plus encore, alors que nous sommes en train de boucler cet article, et quelques heures avant l'ouverture officielle du sommet, quelques 6.000 jeunes anti-G8 ont trompé la vigilance policière et ont réussi à atteindre les grilles de blocage dressées tout autour de Heiligendamm. Bien que dix hélicoptères soient employés à repérer les jeunes qui bloquent les voies d'accès, la police a été complètement dépassée et dans certains coins les agents sont transportés en hélicoptère, les routes étant barrées par de larges troncs d'arbre, afin de pouvoir réprimer. Quelques centaines de manifestants ont même réussi à pénétrer à l'intérieur de la " zone rouge " et les journalistes officiels ont dû être transportés par mer jusqu'à l'hôtel où se tient la conférence de presse d'ouverture afin d'éviter les manifestants et les blocages.
Une victoire donc au bout du compte pour les jeunes et un fiasco complet pour la police et le gouvernement mais aussi pour l'aile modérée du mouvement comme Attac et le Linkspartei qui à la suite de la répression avaient opté pour faire montre de leur " sérieux " et prendre leur distance par rapport aux " jeunes violents "
Des papiers pour tous !
Libération des toutes les personnes arrêtées et non-lieu pour tous les inculpés !
A bas la répression policière !
A bas le G8 !
07/06/07
[http://liege.indymedia.org/news/2007/06/16925.php]